HISTOIRE LOCALE : "La Belle Epoque"
La "Belle
Époque'' avait commencé très tôt à LAPEYROUSE,
avant même 1890 et cela grâce au chemin de fer. Plusieurs
personnes se rendirent aux Expositions de 1889 et 1900. En 1889, elles
revinrent émerveillées par la découverte de la "Tour
Eiffel", cette pyramide à base carrée et la grande
roue qui l'accompagnait.
Les
années 1892-1893.
Notons le mouvement
démographique des années 1842 13 mariages, 44 naissances
et 1843 . 14 mariages, 58 naissances.
* en 1892 : 22
mariages, 26 décès, 37 naissances
* en 1893 : 16
mariages, 25 décès, 38 naissances
Cette époque
fut paisible, prospère. Le chemin de fer apportait la prospérité,
le goût des voyages, des plaisirs. On était entre deux grandes
expositions : celle de 1889 qui fut visitée par plusieurs Lapeyrousiens
et l'on se préparait pour celle de 1900.
Pierre Duranthon
fut réélu en 1892 ainsi que Firmin Meunier son adjoint.
Il devait démissionner en septembre 1893 ayant perdu un fils célibataire
(vétérinaire) de 29 ans. Il mourut de maladie à 60
ans le 22 février 1894. Claude GUILLOT l'avait remplacé.
Pierre Duranthon avait réalisé un important programme de
grands travaux de 6000 F, inauguré le nouveau cimetière
le 29 décembre 1892 à 10 heures.
Le niveau de vie
avait évolué ; on faisait la découverte de produits
exotiques pour la nourriture ; on apprit à changer les semences
de pommes de terre, à se servir des engrais, à utiliser
beaucoup d'amendements (la chaux), à boire du vin même en
semaine. Vers 1900, les fêtes se multiplièrent ; les fêtes
de la Gare devinrent très importantes. C'était aussi l'époque
des veillées. La pénibilité du travail avait diminué
grâce à la faucheuse mécanique, à la javeleuse
et enfin la batteuse.
Quelques années
plus tard, apparurent des bicyclettes à jantes en bois puis la
première automobile.
Cependant l'année
1900 fut ternie par le très violent orage de grêle du 2 juillet
1900. Dans la session extraordinaire du 8 juillet 1900, le Conseil estime
les dégâts à au moins 200 000 F, réclame des
secours pour les plus nécessiteux, dresse une liste de 60 sinistrés
à secourir (les parties Sud et Est étaient les plus ravagées
et cet orage survenait après les chutes de grêle de 1895
et 1897). En 1894 avait sévi la fièvre aphteuse. Fin 1902,
il y eut un certain nombre de cas de rage à LAPEYROUSE et dans
les communes voisines (arrêté du Maire du 4 janvier 1903).
LA
VIE MUNICIPALE A CETTE ÉPOQUE.
Après
la construction de l'Ecole, les décisions du conseil portèrent
sur la création d'une 4ème Foire "considérant
qu'à la foire du 17 janvier, il arrive une énorme quantité
de porcs et qu'il y aurait avantage dans l'intérêt de l'agriculture
à créer une 4ème foire pour éviter l'encombrement
et surtout faciliter la vente des bestiaux...", l'installation d'une
bascule sur la place du haut (coût 2 300 F) puis son transfert au
bas du Bourg (coût 450 F), la rénovation de l'Ecole (9 ans
après la construction), la translation du cimetière, le
transport de déblais de l'ancien cimetière, sa transformation
en place publique. Le conseil réclama plusieurs fois la construction
de la route de DURMIGNAT, préféra le tracé par les
Partiers et la Gare au lieu du Bourg, la Torne, les Brandes "étant
donné qu'il y a à LAPEYROUSE une Gare très importante,
il y a lieu de relier DURMIGNAT à cette gare...".
La route des Monteix
au Bas du Four fut réclamée de très nombreuses fois.
I1 fut réclamé une diminution de la contribution pour l'entretien
des C.V.O. car depuis l'ouverture de la Gare, le trafic se fait par celle-ci
et les chemins ont beaucoup moins de trafic.; par contre, pour le C.V.O.
d'ECHASSIERES, il est réclamé au kaolin les 9/10 de l'entretien
(25 novembre 1906) cette voie étant dans un état déplorable
vu les lourdes charges qui y passent (les rouliers utilisaient alors de
vastes tombereaux tirés par plusieurs chevaux jusqu'à la
Gare ce qui, à la longue, créait de profondes ornières
; le kaolin appartenait alors à la famille DUBOUSSET). Le conseil
repousse la création d'une école mixte au Créchol
et aux Chemins (faute de moyens financiers). Le cinq janvier 1908, avis
favorable est donné au Maire de BEAUNE qui veut installer une Gare
au Bas-du-Four.
Le conseil intervenait
souvent en faveur des appelés au Service Militaire et les déclarait
soutiens de famille (le tirage au sort institué par la loi de 1872
subsista jusqu'en 1905 ; les bons numéros faisaient 1 an, les autres
5 ans ; les instituteurs, les, membres du clergé et les soutiens
de famille en étaient dispensés ; les étudiants en
devançant l'appel et en versant 1 500 F ne faisaient que 1 an.
Jusqu'en 1889, on pouvait avoir une exonération totale, puis après
1889, une exonération partielle, le service actif étant
ramené à 3 ans, puis à 2 ans en 1905 et remis à
3 ans en 1913.
Le conseil intervint
souvent sous forme de secours aux malheureux, aux femmes en couches (il
n'y avait pas de sécurité sociale !) aux veuves le 6 juin
1910 il est accordé la bibliothèque de la Gare à
Madame ALAJOUANINE, son mari ayant été tué à
MONTLUCON. Le conseil réclama et obtint l'installation du téléphone
à la Poste (il n'y était pas les premières années),
une boîte à lettres à Peuchot (6-2-1910).
C'est donc une
relative quiétude qui s'établit autour de 1900 et persista
jusqu'après 1910.
Mais l'inquiétude
se mit à grandir après Agadir (1911), le retour à
la loi de 3 ans du Service Militaire. Cependant, on n'y croyait pas...
Même après
Sarajevo, on espérait encore en cette fin de juillet 1914 lorsque
parvinrent les nouvelles alarmantes de la déclaration de guerre
de l'Autriche à la Serbie (du 28 juillet) puis de l'assassinat
de Jaurès le 31 juillet (nouvelle connue dès le lendemain
simultanément avec l'ultimatum allemand).
La moisson s'annonçait
prometteuse, la récolte de blé bonne...
Le 3 août,
les cloches sonnaient le tocsin...
LAPEYROUSE
ET LA GRANDE GUERRE
Le premier
moment de stupeur passé, c'est avec beaucoup de patriotisme que
s'effectua la mobilisation. Les cris de "A BERLIN" jaillissaient
sans interruption. Les "8 chevaux, 40 hommes" étaient
pris d'assaut. On venait de tous les environs prendre le train à
LAPEYROUSE ; on ne mettait aucun retard ; on se couchait partout sur les
quais, on se bousculait pour partir.
La Guerre : La
Revanche, c'était l'affaire de 6 mois à peine ! Au printemps,
ce serait le retour et la Victoire. On était loin de se douter
de ce qui allait se passer : LAPEYROUSE allait perdre 43 de ses fils (contre
3 en 1870-71). Sur ce total, 13 décès ne furent jamais transcrits
en Mairie ; ils avaient pour noms et prénoms : SAMY Pierre, BRUNAT
Louis, MELOUX Henri, GAUVIN Claude, RIVIERE-BIDAUD, OLIVIER Gilbert, MICHARD
Jules, LEPEIX Adolphe, PICANDET Alfred, MANDET Jean, MELOUX Louis, MOSNIER
Alfred, FERRANDON Pierre, la plupart sans doute des disparus.
Parmi les 30 dont
la notification officielle parvint par la suite en Mairie (après
enquête et jugement) on en compte 5 en 1914, 13 en 1915, 5 en 1916,
3 en 1917 et 4 en 1918.
LES
5 MORTS DE 1914
Le hameau de La
Villatte si cruellement frappé (4 morts au cours de la Guerre)
eut d'emblée les 3 premiers décès de la commune soit
1- MICHEL Léon, Pierre célibataire né le 9 août
1892 (16ème R.I.) décédé à SARREBOURG
le 20 août 1914
2- MICHEL Lucien, célibataire né le 26 juillet 1893 (16ème
R.I.) décédé à XAFEVILLERS le 25 août
1914
3- RIVIERE Honoré, Fréjus (du 105ème) mort à
la ferme de Confrécourt, région de Fontenoy (Aisne) le 13
septembre 1914
4- A Fontenoy également, le 20 septembre mourut MARTIN Alexandre,
Frédéric époux de SAVY Marie-Louise (il était
né le 15 août 1883)
5- GUILHOT Adolphe décédé le 25 décembre 1914
(donc jour de Noël) au bois ST-MARD (Oise) célibataire, né
le 30 mars 1894.
LES
13 MORTS TRANSCRITS DE 1915
1- MELOUX Léon,
Jean né le 31 décembre 1894 décédé
à MOOSCH (Hte Alsace) le 14 mars 1915
2- PAUQUET Mathieu
époux BUVAT décédé à l'hôpital
de COMMERCY le 19 mars 1915 (il était né à BEAUNE
le 29 avril 1881)
3- MICHEL Fernand,
Pierre, soldat au 152ème R.I., fils de Louis et Hélène
PHILIPPON décédé à MOOSCH (Hte-Alsace) le
21 avril 1915 (il était né le 15 avril 1894)
4- LAFANECHERE
Théophile Alphonse né le 17 février 1883 décédé
le 24 juin 1915 à RAMBUCOURT (Meuse)
5- PIRON Ernest
Eugène né à COMMENTRY le 23 octobre 1894 décédé
le 14 juillet 1915 à LOUCHY (Pas-de-Calais)
6- CHIROULET Albert
né à la CELLE le 2 janvier 1884, marié, habitant
le Créchol, mort à METZGERAL (Haut-Rhin) le 21 juillet 1915.
7- LAPORTE François
Alphonse né le 24 mai 1880 époux de LAPORTE Maria décédé
à LINGEKOPF le 10 septembre 1915 (14ème bataillon de chasseurs)
8- LAPORTE Alexis
Michel né le 18 mars 1885 décédé à
Mareuil (Pas-de-Calais) le 25 septembre 1915
9- MARTIN Edmond
né le 23 juin 1886, célibataire 2ème régiment
de zouaves décédé le 27 septembre 1915 à ST
HILAIRE LE GRAND (Marne)
10- AUDINAT Albert
Frédéric Léon né le 2 novembre 1895, décédé
à TAHURE le 27 septembre 1915
11- JEAMBRUN Georges
Marcel 42ème R.I. disparu entre les 25 et 29 septembre 1915 à
SOVAIN découvert le 4 octobre 1915 sur le champ de bataille de
Champagne (il était né à VERNUSSE le 24 octobre 1894)
12- CHEVILLE Marcel,
caporal, né le 13 mars 1895, décédé le ler
octobre 1915 à PONTAVERT (Aisne)
13- GUILHOT Julien
Albert né le 6 novembre 1891 décédé le 6 octobre
1915 à RETHEL (Aisne)
Ainsi 1915 vit un nombre record de décès sur différents
secteurs
du front et au
cours des dures batailles des Vosges (Linge, "Vieil Armand"),
Artois, Aisne et Champagne.
Les 5 soldats transcrits
de 1916 trouvèrent la mort dans le secteur de Verdun et dans la
Somme.
Dès le
début de la bataille de Verdun, ce fut GUILLOT Albert qui trouva
la mort le 24 février 1916 au Bois des Fosses (Meuse), il était
né le 4 septembre 1885.
Le 30 mai, ce fut
le tour de BELLOT Albert né à ECHASSIERES le 25 juillet
1896 dont les parents étaient au chemin de fer à LAPEYROUSE
(tué par un éclat d'obus à 2kms au nord-est de PROYARD
(Somme».
Le 2 juin MANSAT
Louis né à SAINT-ELOY-LES-MINES le 30 mars 1895 trouva la
mort à VAUX-CHAPITRE dans les ultimes combats avant la chute du
Fort.
TAUVERON Aimé
Jean né le 28 novembre 1889 fut tué à CLERY (Somme)
le 26 août 1916.
Puis le caporal
BIDET Pierre né à LA CELLE le 16 janvier 1881 décéda
le 30 septembre 1916 sur le champ de bataille de BERNY-EN-SANTERRE (Somme).
Le 27 avril 1917,
CHARVILLAT Louis décéda à CUGNY (Aisne), il était
né le 31 décembre 1893.
Puis PAUL Antoine
Alexandre, sergent, trouva la mort dans le boyau de Malzeville à
AVOCOURT (non loin de la cote 304) le ler août 1917. Il était
né à ST-SULPICE près de BOURG-LASTIC le 30 mars 1886.
DURANTHON Gilbert
Eugène né le 5 novembre 1873 décéda dans l'ambulance
à VAUXBRUN, région de Soissons (Aisne).
Dans les transcriptions, on trouve encore 4 décès en 1918.
- CAILLOT Jean
Jules né le 12 janvier 1880, mort le 28 mai 1918 à CRUGNY
- MARTIN Elie Théophile,
caporal, né le 22 mai 1898 , tué le 17 juillet 1918 à
CHENE-LA-REINE (Marne) (seconde bataille de la Marne).
- GUILLOT Marcel
Victor, né le 4 janvier 1894, décédé le 6
octobre 1918 à l'hôpital de SAVONNIERES-DEVANT-BAR (Meuse)
- ROBERT Alfred
né le 17 avril 1891, décédé au Bois des Caures
(Meuse, nordest de Verdun) le 11 octobre 1918 à 10 heures
(il était Croix de Guerre du 12 ème R.I.).
Les transcriptions
étaient faites après enquête souvent très longues
(les 5 dernières ont été faites en 1922 auprès
des camarades témoins ou même pendant les hostilités
par voie diplomatique (la Suisse) parmi les prisonniers en Allemagne.
LAPEYROUSE se retrouva
épuisée, diminuée avec une démographie désastreuse
: pas un mariage de juillet 1914 au 31 décembre 1914
- en 1915 : 0 mariage
- en 1916 : 4 mariages
: BUVAT Jean-Bte et GIOLAT Marie le 20 mai
MICHEL Hippolyte
et BRUNAT Eveline Augustine le 26/6
MOSNIER Joseph
et LAURENT Marie le 2 mai
SAUVANNET Henri
et PERRIN Marie-Louise le 24 avril
- en 1917 : 0 mariage,
1 divorce.
- en 1918 : 2 mariages
: AUCLAIR Ferdinand et DURANTHON Marie-Louise le 22/3
TOURRET Gilbert
Alexandre et JANTHON Louise le 2/4
Quant aux naissances,
de 30 en 1914, le nombre tomba à 16 en 1915, 6 en 1916, 9 en 1917,
7 en 1918 et 14 en 1919.
De 1530 habitants
au recensement de 1912, la population chuta vers 1 300 habitants en 1920.
LA VIE MUNICIPALE PENDANT LA GUERRE.
Issu des élections
de 1912, le conseil de 16 membres avait élu Maire DUJON François
époux ROCHET au bénéfice de l'âge après
3 tours qui donnèrent chaque fois 8 voix contre 8 voix à
Monsieur SAVY. L'adjoint élu dans les mêmes conditions fut
MICHEL Antoine contre Monsieur TOURNEAUX.
Monsieur DUJON
âgé de 61 ans en 1914 ne fut pas mobilisé. I1 eut
un fils né le 11 mai 1914 qui décéda à 4 jours.
Il succédait à Félix BRUN En 1912, le 4 novembre,
il dut prendre un arrêté interdisant la circulation des chiens
pendant 2 mois à cause de la Rage.
ROUDAIRE et MARTIN
furent mobilisés tout au début ; puis TOURNEAUX, BUVAT,
DURANTHON, FAYOL Sulpice soit 6 conseillers sur 16.
En session extraordinaire
du 9 août, le conseil dresse la liste des familles nécessiteuses
(familles de mobilisés avec des enfants) et donne pouvoir au Maire
de taxer les produits de première nécessité ; puis
le conseil accepte toutes les demandes d'allocations militaires quelles
qu'elles soient, vote un secours à des réfugiés du
Bourg.
Le 15 juin 1915,
le conseil réclame à Monsieur le Préfet, la main
d'oeuvre militaire des territoriaux pour les travaux de fenaisons et des
moissons.
Le 7 novembre 1915
fixe l'ouverture du bureau de poste de 7 heures à midi et de 2
heures à 7 heures le soir, le dimanche matin fermé à
11 heures.
Le pain bis est
taxé 36 centimes le kilo, 49 centimes le pain blanc.
Le sucre étant
vendu 1,80 F au lieu de 1,70 F (ration de 250 g par famille) il sera distribué
en Mairie à partir de mai 1917. Au lieu de 975 kgs, il n'y en a
eu que 135 kgs en janvier 1917, 200 en février, 425 en mars soit
un total de 870 kgs au lieu de 3 700 kgs.
En 1917, il a été
utilisé 46 tonnes de charbon de battage alors que la commune n'en
a reçu que 25 tonnes (pour 150 journées de battage).
Séance du
16 décembre 1917 : Le conseil,vu la date tardive de réquisition
du blé réclamant 400 quintaux, déclare impossible
pour la commune la livraison de 224 quintaux, en ayant déjà
livré 176 quintaux.
Il n'y eut évidemment
pas d'élections municipales en 1916.
Le 2 février
1918 de 21 heures 30 à 23 heures, une série d'explosions
terrifia la population. Le ciel était rougeoyant par delà
MONTMARAULT ; la poudrière de MOULINS venait d'exploser. L'onde
de choc était telle que des plafonds s'effondrèrent à
EBREUIL.
Le 17 février
1918, le conseil vote un secours pour des réfugiés.
Suite à
la note de l'Intendant Militaire en date du 30 juin 1918, le Maire (arrêté
du 21 juillet 1918) réquisitionne toute la récolte de fourrage,
défalcation faite de la nourriture nécessaire aux animaux
- soit pour les
chevaux : 30 quintaux pour l'année
- pour les bovins
: 24 quintaux pour l'année
- pour les ovins
: 6 quintaux pour l'année
Le ler septembre,
le pétrole est taxé 0,90 F le litre.
La réunion
suivante, session du 17 novembre, ce fut l'euphorie de la Victoire : les
réjouissances qui avaient salué l'Armistice continuaient
toujours, le conseil vote une somme de 100 F à répartir
dans les 5 auberges du Bourg.
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