Bulletin Municipal 2005 SOMMAIRE << précéd. suiv. >>
La commune de Lapeyrouse, avec la disparition de Camille BUVAT vient de perdre l'un de ses plus grands serviteurs qui, durant sa vie entière, s'est dévoué avec intelligence, compétence, obstination et courtoisie à la défense de l'intérêt général. C'est donc avec une immense tristesse que nous nous retrouvons tous, en ce dimanche après midi, autour de la dépouille mortelle de celui qui a assumé, comme il vient d'être rappelé, de nombreuses responsabilités dans les domaines les plus divers de la vie associative communale avant que de prendre des responsabilités dans la gestion directe de la commune en entrant au conseil municipal et en y siégeant durant 24 années. Vous êtes, Camille, un enfant du pays né le 24 décembre 1923 à La Loge où vous êtes demeuré votre vie durant, fils unique de Marcel BUVAT, chef cantonnier à St-Eloy et de Marie Marcelle BOUCHARDON son épouse, petit-fils de Victor BUVAT, lui-même originaire de La Loge. Après avoir fréquenté l'école communale jusqu'en 1935 et passé le certificat d'études primaires à Montaigut en Combraille où vous fûtes reçu premier du canton, manifestant ainsi des dispositions intellectuelles certaines, vous êtes allé au cours complémentaire de St-Eloy pour obtenir votre brevet en 1939. Rares étaient ceux, à cette époque, qui accédaient à ce niveau d'études surtout avec autant de facilité. Mais la période était déjà plus qu'incertaine et peu propice à l'épanouissement de la jeunesse, la guerre était à notre porte et c'est ainsi que de 1939 à 1943, le jeune Camille devait effectuer différents emplois temporaires, du remplacement de facteur à un emploi à la SNCF à l'entretien des voies, du sciage de bois à domicile dans les maisons où le mari ou le père étaient partis prisonniers en Allemagne, aux coups de mains donnés aux cantonniers… Mais il ne fallait pas laisser la jeunesse penser et résister alors le gouvernement vichyste inventa-t-il les chantiers de jeunesse où Camille fut appelé à la Poudrerie de Bergerac du 10 novembre 1943 au 2 mars 1944 date à laquelle il fit la belle pour revenir au pays non sans rencontrer beaucoup de difficultés sur le périple Bergerac-Lapeyrouse. Il fallait échapper au STO et ce fut l'entrée à la mine de St-Eloy, mineur de fond jusqu'en 1945. A la libération, Camille fut rappelé à l'armée, nommé 1ère classe le 12 mars 1945, il resta incorporé jusqu'au 17 mars 1946 date de sa démobilisation. C'est le retour à la campagne pour travailler avec Victor son grand-père avant que de prendre lui-même les rênes de l'exploitation. Après cette dure période de restriction, après ce début de responsabilités et d'activité professionnelle, c'est le mariage de Camille BUVAT le 31 mars 1951 avec Lucienne BLANCHARD, elle aussi enfant de Lapeyrouse, fille de Julien BLANCHARD cantonnier et collègue de Marcel BUVAT, et de Marie BLANCHET. A peine entré dans la vie active, déjà responsable d'association, Camille va s'engager dans la vie communale étant élu dès mars 1959 au conseil municipal sur la liste du maire sortant Marcel Léchier qui connaissant l'intelligence, la finesse d'esprit, le bon sens, les capacités d'analyse de l'intéressé lui confie avec le conseil municipal le poste de 1er adjoint chargé plus particulièrement de l'entretien de la voirie. Durant ce mandat de 1959 à 1965, Camille BUVAT devait prendre la mesure des responsabilités assumées. Réélu conseiller municipal en mars 1971, il fut à nouveau délégué à la voirie et à l'entretien des bâtiments avant que d'assumer de nouvelles responsabilités après sa nouvelle et brillante élection en mars 1977 étant alors 1er adjoint jusqu'en 1979 plus particulièrement chargé de l'aménagement et de l'équipement de la commune, membre de la commission d'information et de celle des sports, loisirs et animation. Jusqu'en 1979, Camille BUVAT fut délégué au Syndicat de Voirie de Menat perpétuant ainsi en sa qualité d'élu la " tradition familiale " de la vicinalité. Enfin une dernière fois, Camille fut réélu conseiller municipal de mars 1983 à 1989, toujours membre de la commission d'aménagement et d'équipement qui lui permettait de s'intéresser aux nombreux travaux en cours et d'apporter ainsi à ses collègues, au maire, une vision éclairée et de bon sens.
La vie ne fut pas toujours facile, hospitalisé à différentes reprises, il avait toujours su, parfois avec difficultés, comme l'on dit se rétablir, ne disait-il pas avec beaucoup d'humour il y a quelques jours " J'en ai bien profité, je suis un sursitaire depuis plus de 20 ans " se remémorant sans doute son hospitalisation à Lyon. Il est dans la vie des hommes qui donnent beaucoup plus qu'ils ne reçoivent, qui savent apporter aux autres une vision éclairée du monde dans lequel ils vivent, toujours avec humilité mais chaque fois avec intelligence. Camille BUVAT était de ces hommes auprès desquels on est heureux de prendre conseil. Jeune, parfois intempestif, il est arrivé à un certain nombre d'entre nous d'aller à sa rencontre, il savait nous conseiller, nous former, il fut celui qui devait guider mes premiers pas en tant qu'élu. Ce sont des instants privilégiés que l'on n'oublie pas. Et puis, à côté de ces moments de gravité, il y a eu tous ces instants de convivialité, de plaisir partagé, certains représentent un souvenir vivace : divers repas, celui de la commission des impôts avec les membres du conseil municipal et les notes de musique plus qu'hésitantes, celui d'après l'inauguration des premières réalisations en 1981, le banquet du conseil municipal aux Mélèzes… le voyage à l'Assemblée nationale avec nos amis de Montaigut et le Docteur Toucas, les histoires racontées… C'est une vie qui défile, ce sont des émotions qui nous étreignent encore aujourd'hui et qui donnent une saveur particulière au quotidien, c'est ce que vous avez vécu, vous Lucienne avec Camille, cette complicité rare, c'est à dire exemplaire, son côté bougon et ce rire inoubliable. En ce moment, Lapeyrouse perd beaucoup des siens, de ceux qui y vivent, de ceux qui y ont vécu auprès de qui nous avons eu tant de joie, aujourd'hui nous sommes ici pour saluer un serviteur exemplaire de nos concitoyens lapeyrousiens. En leur nom, je vous présente , chère Lucienne, nos très sincères condoléances, gardant en nous au plus profond le respect et la reconnaissance que nous devons à votre époux Camille BUVAT, serviteur du bien public. (Eloge
funèbre prononcé le jour des obsèques par le Maire) |